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Mon coin des affaires
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24 août 2005

Jean Patrick Manchette (1942 – 1995)

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2005 année Jean Patrick Manchette ?

Mis à part la réédition dans la collection Quarto chez Gallimard de l’intégrale de ses romans, peu de cas de cet anniversaire.

Je guette tout de même avec impatience l’adaptation en bandes dessinées du « Le petit bleu de la côte ouest » par Jacques Tardi prévu pour la rentrée.

Jacques Tardi qui avait en 1977 mis en images le scénario de « Griffu », après avoir auparavant tenté d’adapter « Fatale », a été un collaborateur privilégié de Manchette.

« …Donc…Griffu ! La fin des années 70, le trou des Halles, les expulsions, les scandales immobiliers, les scories des années Pompidou, quoi…et là, au milieu, un privé pourri. L’idée que Manchette écrive un scénario pour une bande dessinée, me paraissait une caution. » Tardi entretiens avec Numa Sadoul Editions Niffle-Cohen.

Mais revenons à Manchette qui se présentait ainsi lui-même en 1978 à la demande de

la Série Noire

« …Est considéré comme « gauchiste » et représentatif de la nouvelle tendance du roman noir français. Se réfère aussi vivement à la vieille tendance  « réaliste-critique »du roman noir américain, étant entendu qu’elle a changé de fonction et de théâtre. Au reste, pense que le Roman a depuis un bout de temps fini de donner tout ce qu’il pouvait donner, et cherche seulement à distraire ses amis.

Aime : les jeux (à l’exception des jeux d’argent) ; le cinéma hollywoodien ; le jazz ; la pensée allemande ; l’entrecôte ».

Considérer que Manchette ait été un porte parole de l’extrême gauche est aussi un contresens et il a très clairement démenti cette position le 30 avril 1977 dans son « Memento sur mes intentions et ma fonction d’écrivain » extrait de son journal.

« L’un dans l’autre, j’aimerais plutôt contribuer à la révolution communiste. Pour l’instant, je n’ai pas réussi à développer une activité qui y contribue.

Mon intention est seulement de distraire.

Ma fonction est de donner en spectacle aux cadres diverses choses, notamment l’insatisfaction et les réactions violentes à l’insatisfaction, telles que ces réactions s’expriment chez les impatients et les arriérés (le jeune braqueur, le fou, le terroriste, etc…). Il faudrait être une tête de linotte pour conclure, du fait que des catégories marxistes, situationnistes et autres me servent dans mon interprétation du monde et apparaissent dans mes livres, que ceux-ci ont une fonction révolutionnaire. A notre époque, l’expression de la pensée révolutionnaire doit être unitaire. Les ribambelles de catégories plus ou moins dépareillées qui apparaissent dans mes livres ne constituent pas une pensée révolutionnaire, pas plus là que lorsqu’elles apparaissent dans France Soir, Le Monde, ou un livre d’Attali. L’extrémisme de mes opinions ne change rien à l’affaire. Je ne suis pas assez négatif, donc je ne le suis pas du tout, et je ne travaille pas assez quoique je travaille beaucoup. »

Grand traducteur de romans noirs américains et de bandes dessinées (dont l’exceptionnel Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons), il a souffert du manque de reconnaissance littéraire de ces genres considérés comme mineurs.

Il restera néanmoins extrêmement critique et lucide sur l’engouement pour le néo-polar n’hésitant pas à le fustiger à l’occasion.

« Le roman noir, dans son purgatoire culturel, a maintenu pendant plus d’un demi siècle une position réaliste-critique. A présent qu’il est sorti de ce purgatoire, c’est pour tomber dans le Prisunic de l’animation culturelle, et dans les bras d’une littérature qui agonise notoirement depuis 1920. » Polar 11 décembre 1993.

Seuls subsisteront donc une dizaine de romans, dont certains inachevés, qui fascinent par leur modernité, leur sens du rythme, un humour noir très présent allié à une concision de style.

J’entame donc ce blog sous le signe du  « coin des bonnes affaires », dictionnaire fourre-tout créé par Manchette où pouvait se côtoyer Tony Bennett et Beretta ou Renault 4 CV et République Dominicaine.

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