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Mon coin des affaires

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26 août 2005

B-52’s (the) – Play loud

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Un OVNI est passé en 1979 tandis que le rock avait la gueule de bois.

La décennie glorieuse était passée. Le rock progressif s’alanguissait en nostalgies de Led Zeppelin. Les collégiens d’AC DC re dynamisaient le blues. La pop maudissait Yoko Ono d’avoir fait monter la moutarde au nez du Sergent Peppers Lonely Heart Club Band. Le mouvement punk commençait tout juste à remodeler le paysage.

Au volant d’une Plymouth Satellite, plus rapide que la vitesse de la lumière, les cinq musiciens de Planète Claire* atterrirent avec cet album « Play Loud » qui intrigua la galaxie musicale.

Leur arrivée avait été précédée par un message interstellaire codé, émis sur un walkie talkie, et déjà les homards du rock secouaient leurs pinces. Avec un look sorti tout droit d’un abri anti-atomique de la guerre froide, choucroutes sur la tête, moustache à

la Errol Flynn

, Cindy et Ricky Wilson, Kate Pierson, Fred Schneider et Keith Strickland sortaient neuf morceaux acidulés et toniques que j’écoute toujours avec le plus grand plaisir. Les deux chanteuses à la voix haut perchée donnent la réplique à un Fred Schneider dont le timbre sonne avec des accents de crooner sur le retour. Pas de texte à message ici, mais seulement des rythmes vitaminés servis par des paroles amusantes aux frontières de l’absurde. Clins d’yeux appuyés aux films de série B des années cinquante et soixante, cet album recycle également avec jubilation toute l’imagerie et la candeur des années Motown en truffant les refrains d’onomatopées ravageuses. Cet album préfigurait la déferlante New Wave des années 80 et se voulait résolument festif, joyeux et drôle.

A réécouter sans modération.

* Planète Claire : Planète sur laquelle l’air est rose, les arbres sont rouges. Les habitants de cette planète n’ont pas de tête et ne meurent jamais.

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25 août 2005

Calfat

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Je blogue et je déblogue

Tu blogues et tu déblogues

Il blogue et nous débloguons tous ensemble dans une cacophonie de messages classées par genres comme autant de petites bouteilles jetés à la mer.

Rubrique Inclassable : 11353 ; rubrique journal intime : 3239 ; rubrique photo : 1718 ; rubrique…

Mais avant toute chose, choisir son identifiant. Cette tâche est plus difficile qu’il n’y paraît car derrière ce mot chacun de nous souhaite rester masqué tout en cherchant à émettre une image de soi reconnaissable.

Identifiant grotesque ou intellectualisant, diminutif ou combinaison typographique énigmatique, le plus compliqué est de trancher avant de débuter le grand voyage dans le monde du blog.

J’ai donc choisi calfat en ouvrant tout simplement le dictionnaire au hasard. Ce mot s’est immédiatement imposé à moi.

Calfat

n.m ( voir calfater) * Ouvrier, ouvrière qui calfate. « les marteaux de calfat tamponnaient des carènes » (Flaubert)

Calfater

v.tr. * Garnir d’étoupe goudronnée les interstices d’une coque (de navire).

Sur ce grand bateau prenant eau de toute part, le calfat avec ses outils dérisoires veille à calfeutrer ce qui peut l’être encore avant que la structure n’éclate sous la poussée de la pression marine.

Le mot est rare, désuet voire obsolète. Il correspond à mon envie de monter ce jeu de piste improbable dans mon univers intime, de poser des renforts sur les brèches de ma mémoire, de faire partager surtout mes enthousiasmes dans cette époque d’acculturation galopante.

24 août 2005

Jean Patrick Manchette (1942 – 1995)

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2005 année Jean Patrick Manchette ?

Mis à part la réédition dans la collection Quarto chez Gallimard de l’intégrale de ses romans, peu de cas de cet anniversaire.

Je guette tout de même avec impatience l’adaptation en bandes dessinées du « Le petit bleu de la côte ouest » par Jacques Tardi prévu pour la rentrée.

Jacques Tardi qui avait en 1977 mis en images le scénario de « Griffu », après avoir auparavant tenté d’adapter « Fatale », a été un collaborateur privilégié de Manchette.

« …Donc…Griffu ! La fin des années 70, le trou des Halles, les expulsions, les scandales immobiliers, les scories des années Pompidou, quoi…et là, au milieu, un privé pourri. L’idée que Manchette écrive un scénario pour une bande dessinée, me paraissait une caution. » Tardi entretiens avec Numa Sadoul Editions Niffle-Cohen.

Mais revenons à Manchette qui se présentait ainsi lui-même en 1978 à la demande de

la Série Noire

« …Est considéré comme « gauchiste » et représentatif de la nouvelle tendance du roman noir français. Se réfère aussi vivement à la vieille tendance  « réaliste-critique »du roman noir américain, étant entendu qu’elle a changé de fonction et de théâtre. Au reste, pense que le Roman a depuis un bout de temps fini de donner tout ce qu’il pouvait donner, et cherche seulement à distraire ses amis.

Aime : les jeux (à l’exception des jeux d’argent) ; le cinéma hollywoodien ; le jazz ; la pensée allemande ; l’entrecôte ».

Considérer que Manchette ait été un porte parole de l’extrême gauche est aussi un contresens et il a très clairement démenti cette position le 30 avril 1977 dans son « Memento sur mes intentions et ma fonction d’écrivain » extrait de son journal.

« L’un dans l’autre, j’aimerais plutôt contribuer à la révolution communiste. Pour l’instant, je n’ai pas réussi à développer une activité qui y contribue.

Mon intention est seulement de distraire.

Ma fonction est de donner en spectacle aux cadres diverses choses, notamment l’insatisfaction et les réactions violentes à l’insatisfaction, telles que ces réactions s’expriment chez les impatients et les arriérés (le jeune braqueur, le fou, le terroriste, etc…). Il faudrait être une tête de linotte pour conclure, du fait que des catégories marxistes, situationnistes et autres me servent dans mon interprétation du monde et apparaissent dans mes livres, que ceux-ci ont une fonction révolutionnaire. A notre époque, l’expression de la pensée révolutionnaire doit être unitaire. Les ribambelles de catégories plus ou moins dépareillées qui apparaissent dans mes livres ne constituent pas une pensée révolutionnaire, pas plus là que lorsqu’elles apparaissent dans France Soir, Le Monde, ou un livre d’Attali. L’extrémisme de mes opinions ne change rien à l’affaire. Je ne suis pas assez négatif, donc je ne le suis pas du tout, et je ne travaille pas assez quoique je travaille beaucoup. »

Grand traducteur de romans noirs américains et de bandes dessinées (dont l’exceptionnel Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons), il a souffert du manque de reconnaissance littéraire de ces genres considérés comme mineurs.

Il restera néanmoins extrêmement critique et lucide sur l’engouement pour le néo-polar n’hésitant pas à le fustiger à l’occasion.

« Le roman noir, dans son purgatoire culturel, a maintenu pendant plus d’un demi siècle une position réaliste-critique. A présent qu’il est sorti de ce purgatoire, c’est pour tomber dans le Prisunic de l’animation culturelle, et dans les bras d’une littérature qui agonise notoirement depuis 1920. » Polar 11 décembre 1993.

Seuls subsisteront donc une dizaine de romans, dont certains inachevés, qui fascinent par leur modernité, leur sens du rythme, un humour noir très présent allié à une concision de style.

J’entame donc ce blog sous le signe du  « coin des bonnes affaires », dictionnaire fourre-tout créé par Manchette où pouvait se côtoyer Tony Bennett et Beretta ou Renault 4 CV et République Dominicaine.

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